vendredi 10 septembre 2010

Le plaidoyer musclé d'un patron pour une vraie presse libérale. Gag à prendre au sérieux.

À l'occasion de la publication d'un nouveau plan de remise en cause des aides à la presse, j'ai remis au goût du jour ce pastiche qui ne fera pas rire tout le monde... *







Monsieur Serge Lassault lance un vibrant appel pour que les patrons de la presse libérale refusent des subventions d'essence collectiviste

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Photo et décors choisis par Étienne Courgeotte, rédacteur en Chef.
Assisté par Messieurs Yves Tétard, Ivan Roufiol, Michou Brézé et Yves de Keldrol.
Interview menée par Étienne Courgeotte.

É.C : Mes respects, Monsieur le Président Serge Lassault, vous avez donc décidé de refuser les subventions de l'État versées pour l'aide à la presse quotidienne ainsi que pour les sites Web qui dépendent de votre groupe "par conviction libérale" dîtes vous, pourriez vous expliciter vos propos ?

S.L : En effet ! Figurez vous qu'hier matin, tandis que mon barbier, me rasait, et ma manucure soignait mes mains, une brutale illumination spirituelle a éclairé mon cerveau. Mais bon Dieu, me suis je dit, nous, patrons de presse, apôtres radicaux de l'économie de marché, avons l'estomac de recevoir des subsides d'un État omniprésent alors que nous n'avons de cesse de combattre par tous nos moyens de propagande le collectivisme rampant qui pourrit notre pays ! Cette évidence m'a sauté aux yeux !

É.C : Et pourtant, Monsieur le Président directeur général, cette situation dure depuis la libération. Ce sont des sommes considérables qui ont aidé la presse à survivre. Peut-être que nous autres journalistes sommes là grâce à ces subventions...

S.L : Je conçois cette situation car, en temps que marchand d'armes, je sais combien l'argent n'a pas d'odeur. Toutefois dans un geste d'émancipation unique dans l'histoire du capitalisme français, j'ai décidé de refuser ces sommes qui pervertissent notre combat pour la libre entreprise, la mondialisation, la concurrence assumée, la loi du marché ! Se tournant vers les journalistes. Et vous Messieurs me suivrez vous ?

Les journalistes : Oh oui Monsieur le Directeur ! Oh oui ! Les échines sont courbés, les regards torves, les sourires forcés.

É.C : Mais cette mesure - euh - révolutionnaire si j'ose m'exprimer ainsi, même si je déteste ce terme, ne risque t-elle pas de désorganiser nos - euh - services ?

S.L : Bien entendu, dans un premier temps, certains sacrifices devront être consentis par nos braves journalistes ici présents mais je ne doute pas que pour faire triompher leurs idées libérales, ils ne consentent point à donner l'exemple ! S'adressant à eux. N'est ce pas mes chers amis ?

Les journalistes : Mollement. Euh mouais, Monsieur le Président Directeur Général. oui... Oui...

S.L : Dans un premier temps, il nous faudra comprimer fortement la masse salariale pour rester compétitif...
On entend un choc. Ivan Roufiol et Yves Tétard viennent de perdre connaissance. La sécurité s'efforce de les faire revenir à eux. L'interview continue. Les masques sont hagards et la sueur coule comme un torrent sur tous les visages...

S.L : J'envisage également de porter le prix du quotidien à 3,60 €. Et pour la promotion, de joindre les oeuvres complètes d'André Glucksmann en CD avec peut-être en prime le DVD d'un film de Rohmer ? Qu'en pensez vous, Étienne ?

É.C : La voix blanche, le rédacteur en chef avale une pillule et engloutit un verre d'eau en tremblotant. Très bien, Monsieur le Président...

S.L : Vous rendez vous compte mes chers journalistes, pour la première fois dans ce pays, NOUS, les missionnaires du libre marché, allons prouver que l'instauration d'une véritable société capitaliste est viable. Vous, mes amis qui chantiez dans vos articles les psaumes de la libre entreprise et stigmatisiez les ravages du bolchevisme, allez pouvoir enfin vivre le bonheur de joindre vos actes à vos paroles ! Tels des pèlerins du 21ème siècle, nous montrerons la joie de propager nos idées à l'assaut d'un pays de paresseux et d'assistés. Un silence. Se tournant vers la porte de gauche, Serge Lassault appelle un mystérieux inconnu. Monsieur Piao Lin, s'il vous plait ! Un jeune asiatique apparaît souriant. Messieurs, permettez moi de vous présenter votre futur rédacteur en chef adjoint, Monsieur Piao Lin qui a accepté pour 1200 € mensuels de prendre la responsabilité du journal.

Un vacarme assourdissant se fit entendre, les corps sans vie de journalistes, secoués par l'émotion s'écroulèrent. Ce jour là on compta au sein de la rédaction du Jivaro, pas moins de 3 morts. Deux journalistes se retrouvèrent en réanimation.

La tempête médiatique soulevée se révéla non moins dévastatrice : une manifestation de patrons de presse ; avec Monsieur Arnaud Lagardère à sa tête, à laquelle se joignirent les PDG des grands groupes automobiles français et une délégation du MEDEF ; défila devant l'Assemblée Nationale en réclamant le maintien des subventions publiques.

La morale de cette histoire ? Gare au loup ! Attention aux coups de rabots  destinés à maximiser les profits au sein de la presse. Gaffe à l'intrusion ouverte du politique dans la gestion des journaux...

Gentils lecteurs, que la providence vous garde !

Je me permets à l'occasion de ce billet de vous conseiller 2 blogs, Donjipez, journaliste qui m'a inspiré l'idée de ce billet et l'excellentissime TGB rue-affre, pétri d'imagination et de talent, qui se révèle souvent comme un modèle de créativité.


Amis, à après... Bon week end.

* Toute ressemblance avec des titres de presse ou des personnages connus ne serait que le résultat hasardeux d'une pure coïncidence.

11 commentaires:

  1. Ben merde, pourquoi ton billet (sympa comme tout) n'était pas dans mon flux reader ? Grrrr

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  2. salut cuicui ! j'ai déjà lu ça qq part...c'était pas un billet paru chez les NRV à l'époque ? bonne tranche de LOL néanmoins ! Si tous les grands groupes capitalistes refusaient les subsides que l'Etat leur accorde sous une forme ou une autre, ce serait fantastique (et ça permettrait de donner ces sommes à ceux qui en ont vraiment besoin : sécu, retraites...). Enfin un vrai monde libéral de concurrence non faussée ;-)

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  3. et d'ailleurs pour être plus cohérent encore à partir d'aujourd'hui mr Lassault ne vendra plus ses avions invendables à l'armée française mais aux entreprises privées - remarque à l'heure de la privatisation des guerres ça risque bien d 'arriver plus vite que l'on croit - cela dit ils n'achèteront pas des rafales - quand même pas si cons

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  4. @ tgb,

    C'est vrai ça : incroyable l'argent public que reçoit Dassault de tous les côtés : presse, armement, etc.

    Je serai curieux de savoir ce qu'il coûte au contribuable entre toutes les subventions qu'il encaisse. Ce montant doit être fabuleux.

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  5. @ Falcon

    Merci Falcon, content que ça te plaise.

    Malgré nos divergences politiques, restons toujours à l'écoute l'un de l'autre et gardons chacun notre personnalité. :)

    Ce qui nous lie doit être plus fort que ce qui nous sépare ! ;-)

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  7. Merci beaucoup LaetSgo.

    Oui, c'est un ancien billet de moi publié dans le village des nrv.

    Tu as une de ces mémoires ! Ou alors ce billet a terriblement marqué les esprits. mouarfff ! ;-)

    Je déconne, hein !

    Merci de ton soutien.

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  8. Putain de merde, j'ai des problèmes de flux !

    Vite de l'imodium ® -DDD !

    Tu as raison Falcon, je n'y comprends rien...

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  9. moi aussi j'aime bien, rue affre. suis abonné... mais cui cui fait l'oiseau... bon, redevenons sérieux un moment. J'aime bien ce que vous faites, Monsieur l'NRV.

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  10. cui cui fit l'oiseau10 septembre 2010 à 20:44

    Merci Gauche de combat.

    C'est si rare de laisser deviner qu'on aime bien ce que je fais. Surtout que je suis plus habitué à recevoir des gifles que des bises.

    J'étais sur le point de te mettre dans mes favoris. Ce sera plus tôt que prévu.

    D'autant que moi aussi, je lis chacun de tes billets depuis longtemps.

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  11. Bon.

    Faute de flux, ce billet est passé par pertes et profits !

    Tant pis.

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Laissez-vous aller à votre inspiration, sans limite ! J'ai le cuir épais, le front étroit et la vue basse...

La seule limite aux débordements : la loi....

ATTENTION ! Autrement, ici, on ne censure personne. Les insulteurs, les aigris, les haineux seront reçus comme il se doit, ils devront toutefois s'attendre à de méchantes répercussions ; un chieur averti en valant deux, place aux commentaires !
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