jeudi 12 mai 2011

La revanche du modernœud Molière face aux réacs-cons apeurés. Pastiche halal.


Ce texte est le pastiche halal d'un célèbre extrait du malade imaginaire de Molière. Il met en présence Argan, le bourgeois  hypocondriaque et Toinette, sa servante déguisée en médecin  accompagnée de divers acolytes, charlatans d'entre les charlatans. J'ai simplement remplacé le mot "poumon" par celui, plus contemporain, de "islam"..

Les médecins de l'époque de Louis XIV, les penseurs contemporains  et autres journalistes de notre époque, jouissant en commun, outre un culot manifeste et un sectarisme effrayant, d'une propension indiscutable à débiter certains lieux communs et contre-vérités  avec un aplomb déconcertant.



Le fleuron du populisme anti-musulman et de l'extrême droite new look est réunie là en costume d'apothicaire. Avec dans les rôles principaux :
Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, André Glucksmann, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Ivan Rioufol, Robert Ménard.



ALAIN FINKIELKRAUT : Je suis philosophe, qui vais de  radio en radio, de télévision en télévision, d'interview en interview, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, pour trouver des émules dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans ma philosophie. Je dédaigne de m'amuser à ce menu fatras de  pensées gauchistes ordinaires, à ces bagatelles de droits de l'homme, à ces fiévrottes de SDF, à ces vapeurs de sans-papiers, et  ces pauvres trop assistés. Je veux des problèmes d'importance : du bon gros racisme avec des expulsions immédiates, de bonnes révolutions islamistes, de bonnes  émeutes au Moyen  Orient, de bons massacres sanguinolents, de bons soulèvements violents dans les banlieues, de bons attentats d'Al Qaeda avec  beaucoup de victimes : c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe; et je voudrais, Monsieur, que vous  succombiez à tous les maux que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les politiques, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes, et l'envie que j'aurais de vous rendre service.

UN FRANÇAIS : Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.


ÉLISABETH LÉVY : Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent: je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre
  référent ?

UN FRANÇAIS :
  La République...

ALAIN FINKIELKRAUT : Ce principe-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands philosophes. De quoi dit-elle que vous êtes atteint?


UN FRANÇAIS : Elle dit que c'est la crise, et d'autres disent que ce sont les déficits.


NICOLAS SARKOZY : Ce sont tous des ignorants: c'est de l'islam que vous êtes malade.


UN FRANÇAIS : De l'islam?


ÉRIC ZEMMOUR : Oui. Que sentez-vous?


UN FRANÇAIS : Je sens une nette baisse de mon pouvoir d'achat.

 

 ROBERT MÉNARD : Justement, l'islam.

UN FRANÇAIS : Il me semble qu'il y a de plus en plus de chômage.


IVAN RIOUFOL : L'islam.


UN FRANÇAIS : Je trouve que mes libertés se restreignent..


BRICE HORTEFEUX : L'islam.


UN FRANÇAIS : Je sens un terrible manque de solidarité entre les citoyens.


ANDRÉ GLUCKSMANN : L'islam.
 
UN FRANÇAIS : Je trouve que les banques sont scandaleusement favorisées.

NICOLAS SARKOZY : L'islam.

UN FRANÇAIS : le système ultra libéral me parait terriblement injuste.

NICOLAS SARKOZY : L'islam

UN FRANÇAIS :  J'ai peur de l'avenir.

MARINE LE PEN : L'islam

UN FRANÇAIS : Et j'ai l'impression que nous sommes gouvernés par des gens qui profitent outrageusement de privilèges.

ÉLISABETH LÉVY : L'islam. Vous allez voter ?

UN FRANÇAIS : Oui, Madame.

 IVAN RIOUFOL : L'islam. Vous avez peur dans la rue ?

UN FRANÇAIS : Oui, Madame.

ÉRIC ZEMMOUR : L'islam. Vous avez peur de ne pas toucher une pension de retraite suffisante ?

UN FRANÇAIS : Oui, Monsieur.

ALAIN FINKIELKRAUT : L'islam, l'islam, vous dis-je. Que vous ordonne la République comme principes ?

UN FRANÇAIS : Elle m'ordonne la tolérance.

BRICE HORTEFEUX : Ignorante.

UN FRANÇAIS : L'ouverture sur le monde.

IVAN RIOUFOL : Ignorante.

UN FRANÇAIS : La générosité.

 ROBERT MÉNARD : Ignorante.

UN FRANÇAIS : L'indignation.

ÉRIC ZEMMOUR : Ignorante.

UN FRANÇAIS : L'impertinence.

IVAN RIOUFOL : Ignorante.

UN FRANÇAIS : Et de temps à autre des manifestations pour rappeler leur devoir aux dirigeants et défendre nos droits.

ÉLISABETH LÉVY : Ignorante.

UN FRANÇAIS : Et surtout davantage de fraternité.

NICOLAS SARKOZY et MARINE LE PEN en chœur : Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il faut combattre les musulmans : ils sont la cause de toutes nos calamités ! Pour guérir de ce mal sournois, lisez Le Figaro avec ses multiples talents, Ivan Rioufol et Zemmour et la digne équipe d'Étienne Mougeotte, écoutez RTL, regardez sur France 2 et France 5, Yves Calvi, Éric Zemmour, Pujadas, Ménard, consultez les sites Causeur et Fdesouche. De toute manière nous sommes omniprésents ! Même à gauche.
 
Effectivement, ils sont partout.



pcc Molière [Le malade imaginaire acte 3 scène 10 - 1673]



Amis lecteurs, à très bientôt ! 

Demain sera un autre jour.

6 commentaires:

  1. Bon billet. Mais vous vous mettez à contre emploi !

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  2. @ Romain

    Comment ça, à contre emploi ? Je n'ai pas compris...
    En tout cas, merci d'intervenir ;-)

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  3. houps pardon j'avais cru pour je ne sais quelle raison me trouver chez Didier Goux et je trouvais qu'il tenait un discours inverse à d'habitude! non tu ne te met pas à contre emploi pour le coup.

    Tiens je t'ai taggué dans une chaine de blogs sur la fin du monde

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  4. @ Romain

    Merde ! Si tu me confonds avec Goux, voilà autre chose !

    Dois-je m'inquiéter, Docteur ? ;-)

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  5. Cui Cui , doit-on s'inquiéter de ton silence-billet ?
    A bientôt ,j'espère!

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  6. @ Turandot

    Non, non, Turandot. Difficile de reprendre le rythme du boulot et des billets.

    Je reviens dès cet après midi...

    Merci de penser à moi. Trop souvent, ma paresse m'afflige même si j'adore m'y complaire !

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Laissez-vous aller à votre inspiration, sans limite ! J'ai le cuir épais, le front étroit et la vue basse...

La seule limite aux débordements : la loi....

ATTENTION ! Autrement, ici, on ne censure personne. Les insulteurs, les aigris, les haineux seront reçus comme il se doit, ils devront toutefois s'attendre à de méchantes répercussions ; un chieur averti en valant deux, place aux commentaires !
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