jeudi 20 mars 2014

De la mithridatisation des consciences ou l'effet pervers de l'omniprésence de l'information.

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Avez-vous remarqué ? Désormais à chaque jour passé, émerge un lot de révélations sulfureuses telles des bulles de méthane sortant de l'eau croupie d'un marigot en putréfaction...

À la boue succèdent la vase, le purin, le jus de décomposition, les relents de cadavres. Bref, quotidiennement un tombereau d'affaires dénichées par la presse tombe devant l'air ébahi d'un public dégoûté mais sans réactions apparentes...

Dans ce marécage puant, les crocodiles survivent joyeusement, les requins s'empiffrent toujours autant et les avocats n'ont jamais été aussi repus et arrogants.


Est-il utile d'ajouter une légende ?


Et nous, citoyens pusillanimes et lâches, impuissants et subjugués comme des souris devant des crotales dressés, préoccupés par nos fins de mois de plus en plus préoccupantes, assistons à ce spectacle malsain d'un air narquois comme si cette situation ne nous regardait plus.

Fort heureusement, le docteur Cuicui s'est penché sur les symptômes et a découvert les racines du mal : les médias, infos continues et internet ont mithridatisé nos consciences ! L'excès d'informations nous chloroforme petit à petit.

Parfaitement, bande d'ignorants !

 La mithridatisation (selon wikipédia) consiste à ingérer des doses croissantes d’un produit toxique afin d’acquérir une insensibilité ou une résistance vis-à-vis de celui-ci. Consultez Google pour connaître l'origine du terme car je ne suis pas prof d'histoire !

Or, si on observe le comportement de la population à la montée du chômage, on constate une atonie générale des réactions.
Résignation.

L'étrange passivité de la Justice envers des cas patents de malversation. 
Résignation.

 Ainsi, à force de révéler les vols, des concussions, les ruses, les mensonges, les coups fourrés, les forfaitures, toutes incartades demeurées impunies, les médias habituent lentement l'électeur aux vices des élites composées rappelons le d'hommes et de femmes qui nous ressemblent avec nos défauts et leurs qualités.
Résignation. 

Cette idée impliquant qu'un individu n'est qu'un petit être fragile avec les vices inhérents à la nature humaine et ses faiblesses bien excusables, est injectée si habilement qu'on se demande si un homme trop honnête ne sera pas handicapé lors d'une joute électorale : on entend couramment dans la rue des phrases telles que : "celui-ci est bien trop tendre et naïf  pour faire un bon politique !" Vision résolument de droite.
Résignation.
 

Acceptation par les citoyens de la corruption, des combines, des magouilles, des faux fuyants, des scandales. "La fatalité !", psalmodient-ils en levant les yeux au ciel. Peut-être qu'eux feraient la même chose s'ils parvenaient au pouvoir , allez savoir ?
Résignation.
Parce que les amis, que j'aille en enfer si je mens, croix de bois, croix de fer ; aux yeux de l'électorat populaire, le vice est devenu une vertu cardinale pour faire de la politique à haut niveau. Tout homme peu vérolé, incorruptible, honnête, pas roué pour un sou, est devenu soit un faible, soit un suspect en puissance, soit un fanatique sanguinaire, soit un imbécile.

Vous verrez qu'au bout du compte, Nicolas Sarkozy entre autres, s'en sortira indemne voire renforcé...

Cette démission morale du citoyen est d'autant plus accentuée que les moyens de coercition n'ont jamais été aussi sophistiqués depuis l'avènement des civilisations. La judiciarisation compulsive devient une des composantes de notre assujettissement. À tout moment, si vous avez mal parlé d'un politique important sur votre blog ou sur les réseaux sociaux, vous voyez débarquer une cohorte d'avocats prestigieux pour vous attaquer en Justice. Comment, dans ces conditions vous défendre, avec votre avocat commis d'office ? 
Vous êtes cuit !

Justice de classe. Oligarchie intouchable. Répression personnalisée et subtile. Mise à l'écart discrète. Rétorsions financières et matérielles. Surveillance de tous les instants.
Nous sommes cuits !

La démocratie selon les canons occidentaux du siècle dernier est morte : le progrès technologique l'a tué !
Reste un cadavre purulent qui donne une vague impression de liberté. La liberté de consommer et de jouir en fermant sa gueule sur la marche de l'État. Certains, surtout les réactionnaires s'en contentent dès lors qu'on ne touchent pas à leurs valeurs d'ordre, de patrie et d'obéissance...

Le totalitarisme mou devient peu à peu le nouveau système politique du 21ème siècle. Nous sommes dans un cul de sac. À vous de voir...

La consultation du docteur Cuicui est terminée.

Bien que vous fussiez si faibles, je vous aime quand même.


PS: un petit coucou à Guy Birenbaum qui m'a fait découvrir les blogs. Autrefois il me lisait. Ne plus pouvoir le lire me contrarie. Je pense à lui.
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17 commentaires:

  1. Oui, c'est bien vu, admirablement démontré, et sans doute vrai pour certains , mais le temps de l' "entité-peuple " n'est pas le même que celui des médias, qui sont dans l'
    " immédiat." Le temps des peuples est plus long.
    Et si, ( grâce au matraquage d'annonces de malversations de plus en plus sensationnelles non suivies de sanctions ), au lieu de finir par trouver normal le fait d'être pris pour des imbéciles par ceux qui se sont fait élir pour ne servir en réalité que leurs intérêts personnels, les gens devenaient plutôt mithridatisés contre l'effet recherché ? Et si ils n'étaient pas dupes et que tout cela les amusait , d'une certaine manière ?

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    1. Sans doute Fifi.
      Je crois en l'intelligence. C'est pourquoi, je suis de gauche.

      Les gens de droite pense que le peuple est con.
      C'est ce qu nous différencie en partie. ;-)

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  2. Pourquoi tu ne peux plus lire Guy ? L'épicerie a fermé ? Chouette billet Cuicui...TINA et la mithridatisation n'auront pourtant pas raison de mon optimisme indécrottable ! Non mais !

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  3. Nous sommes cuits et cuits, cui-cui ?
    Deux fois cuits comme bis-cottes ?
    Et c'est cui-cui qui l'dit, au lieu de chanter cui-cui dans l'buisson, au 1° jour du printemps ?
    Y a kekch qui cloche là-dedans, j'y retourne immédiatement !
    cui-cui-cui-cui-cui-cuiiiii... non c'est pas la méthode Coué, oui c'est LA liberté, cui-cui!

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  4. Excellent article. Bien observé. Mais le phénomène est-il si nouveau ? Les allocutions lénifiantes de de Gaulle à la télé, dans les années 60, et les sermons des journalistes officiels de l'ORTF (qui recouvrait radio et télé d'Etat sous l'égide de la commission de censure catholique) - sans qu'il y ait plus de liberté de ton ni de journalisme véritablement critique sur les radios dites périphériques comme dans la presse - ont su faire oublier la présence d'un criminel de guerre à la tête de la Préfecture de police de Paris, nommé par de Gaulle soi-même, et occulter deux massacres d'Algériens en pleine capitale, perpétrés par les "forces de l'ordre" sous les ordres dudit criminel de guerre. Le nom de la rue de Charronne évoque-t-il quelque chose à beaucoup de franciliens ?
    Ce n'est pas que les gens soient résignés à un ordre des choses institué d'en haut, c'est qu'ils ont leur propre vie à mener avec ses aléas et sa course effrénée aux p'tits bonheurs, et qu'il n'est rien ni personne en quoi ils -nous- soient de nature à s'identifier, en termes de marges de manoeuvre pour faire évoluer les choses. Quant à seulement imaginer d'autres formes de vie... Seul le bouleversement d'une guerre peut contraindre un peuple à changer ses habitudes. Hélas !..

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    1. Merci pour vos commentaires. Ils complètent parfaitement ce billet.
      ;-)

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  5. Un papier qui donne une vision intéressante de l'univers politique et médiatique.
    Absence de choix, transparence orientée vers la politique spectacle, cadres politiques inamovibles durant 50 ans, connivences entre la politique, la justice, les médias et l'enseignement des futures élites.
    Cette république ne répond plus aux besoins démocratiques influencés par cette terrible contre-information représentée par le Net.
    Tant que les vieilles gardes politiques de droite comme de gaiche s'accrocheront désespérément à leurs pouvoirs pour satisfaire leurs égos, nous n'y pourront rien.
    Du passé, il est temps de faire table rase !
    Samuel Perrotin

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  6. Et moi nu dans la cui - - - sine je réponds en rigolant
    Et vlan, passe-moi l'éponge........

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  7. De tout temps, enfin depuis que les civilisations existent, le jeu consiste comme le disait un historien de "faire silence aux pauvres" et qu'ils se déchirent entre eux sur des questions sans grands intérêts… On empêche ainsi la lutte des classes et on lui substitue la lutte au sein des classes. En bas on se bat pour survivre, en haut on se bat pour la première place, l'argent, le pouvoir, les honneurs...D'une époque à l'autre les techniques évoluent mais le résultat est le même, sauf que nous sommes de plus en plus nombreux a en être conscient et une guerre ne sera plus nécessaire pour changer l'orientation civilisatrice...Ben, sinon l'Humanité disparaitra comme l'a écrit Yves Paccalet.
    CuiCui, sur les sujets de l'information et du numérique je te conseille (si tu ne connais pas déjà) le site de Jean Zin (http://jeanzin.fr/)

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  8. CuiCui, je ne suis pas convaincu que "l'atonie générale" soit le résultat d'une "accoutumance". Je penche plus pour un "blocage" suite au stress permanent que suscite le bombardement des populations d'évènements sensationnels le plus souvent inquiétants et d'informations contradictoires. Je rencontre plus de gens désorientés, inquiets et en recherche du "quoi faire" que de gens insensibles.

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    1. J'apprécie toujours tes commentaires qui ouvrent toujours de nouvelles perspectives.
      Tu es devenu nécessaire à ce blog, Robert ! ;-)

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  9. Demain 26 mars à 8:47 du matin, nouveau billet programmé.

    Une parabole humoristique sur l'abstention dans les classes populaires.
    Salut à toutes et à tous !

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La seule limite aux débordements : la loi....

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