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jeudi 7 juillet 2011

Famine et plat de nouilles aux truffes à 100 $. Afrique et dépendances.

Je sais : ce sujet dérange...

Et pourtant.

Famine et plat de nouilles aux truffes à 100 $.  Afrique et dépendances.


Il y a longtemps, ayant passé quelques années difficiles dans un pays d'Afrique de l'Est, je me  demande encore avec effroi comment la vie humaine a pu s'y développer.

Une chaleur intense.

Peu  d'eau.

Des pierres à perte de vue. Quelques maigres arbustes.

Des moustiques le long du littoral de la mer rouge. Des scorpions, des araignées, des hyènes, des singes cynocéphales, sortes de babouins,  les canines longues comme celles des lions, qui gardent jalousement leurs points d'eau et qui vous lancent des pierres du haut des falaises quand vous stationnez trop longtemps au bord de l'oasis. La rage et l'agressivité qu'ils montrent sont instinctives,  il en va de leur survie. L'eau vaut tout l'or du monde dans ces contrées. Pour eux, un seul choix : se battre ou crever. Ils lutteront.  Il est prudent de reculer.

Des nomades parcourent ce désert de cailloux volcaniques très vallonné , avec des fusils du genre "chassepot" pour toute arme. Ils chassent quelques gazelles, ça et là.  Des filles incroyablement jeunes de 12 à 14 ans avec des nourrissons. . Elles ont été excisées et ont subi une infibulation qui les a mutilé pour le restant de leur courte vie. Ils parcourent cet enfer avec leurs caravanes de dromadaires, plantant une sorte de yourte en des lieux qu'ils connaissent depuis toujours.
Une existence épouvantable, courte, injuste, terrible.

Du courage. De la fierté. Une force morale inouïe en même temps qu'une infinie faiblesse qui émeut l'occidental que je suis.

Nos ancêtres lointains ont vécu ces longues errances avec les mêmes vertus et la même modeste bravoure . Nous avons tout oublié...


Plus loin, aux abords, des villes, les décharges publiques, une odeur exécrable. Des milliers de familles viennent recueillir les denrées avariées rejetées par les citadins.
Des mouches. Des millions de mouches qui viennent se coller aux commissures des lèvres, au bord des paupières, dans le nez, à l'intérieur des oreilles. Des gamins, avec des pelles qui trient les ordures. Des rogatons de viande couverts de mouches. Un bourdonnement incessant. Une odeur pénétrante de décomposition. Une puanteur écœurante.

Une moiteur enveloppante. La chaleur humide est telle que les restes avariés pourrissent en quelques heures.

Et pourtant des gens se nourrissent de cette infâme pourriture. Ils n'ont guère le choix. C'est encore une question de vie ou de mort. Dans ces pays le concept de "survie" est quotidien.

Se nourrir pour survivre. Survivre pour se nourrir. Un cercle maléfique. Le destin effroyable d'être né au mauvais endroit. Impuissance tragique.

Même pas de désespoir, de récriminations, de reproches. Des rires d'enfants. L'occidental que je suis ne comprend pas cette absence de révolte, cette résignation devant une telle injustice.

Que feriez vous à leur place ? Dans ce pays, probable berceau de l'humanité, près des restes de Lucy, les conditions de vies sont devenues inhumaines.

Famine et plat de nouilles aux truffes à 100 $.  Afrique et dépendances.

En ce moment une terrible famine sévit dans la corne de l'Afrique. Une sécheresse exceptionnelle est en train de décimer des populations entières.
Ami(e)s, nous ne pouvons pas rester les bras ballants à disserter sur le prix astronomique d'un plat de nouilles aux truffes englouti par un individu.

L'Homme, la Politique dans son sens le plus noble, méritent mieux.

Il nous faut sauver ces humains en perdition. Il nous faut les aider comme ils vous accorderaient l'hospitalité si vous étiez perdus. Il nous faut montrer un peu de fraternité. Nous avons le devoir de secourir ces populations qui souffrent de la faim.


Qui pourrait nier ce scandale innommable ; en 2011, où des milliards de dollars sont gaspillés à tort et à travers, où quelques dirigeants gagnent des sommes astronomiques, où les coûts des campagnes électorales atteignent des sommets inimaginables ; de laisser des êtres humains crever de faim ? Pauvres gens  qui ont eu la malchance de naître au mauvais endroit  ?

On ne peut pas rester insensible. 

En ces instants, la politique hexagonale nous parait bien dérisoire, n'est ce pas ? Toutes ces histoires sans intérêt avec ces individus dont la motivation principale est une ambition forcenée.

À côté d'un tel drame.

vendredi 24 septembre 2010

Famine, Afrique et désespérance...


Il y a peu, je suis tombé sur un reportage concernant les pirates somaliens pourchassés par toutes les marines du monde. Ces flibustiers attaquent des navires civils, tankers, porte-containers ; et même des plaisanciers pour prendre en otage les équipages et demander une rançon.


Arrestation de pirates somaliens.

 

Et je me suis souvenu...

Il y a longtemps. Assez pour prendre du recul, pas suffisamment pour oublier.

En garnison à Djibouti comme 2ème classe, à 25 kms de la Somalie au camp Letellier, sans cesse en prison militaire pour indiscipline caractérisée, ma tâche consistait à vider les poubelles du régiment et à convoyer un camion benne jusqu’à la décharge située à l’extérieur de la ville. Nous pataugions jusqu’aux chevilles dans des résidus poisseux et décomposés dont vous imaginez l’odeur sous les températures et l’humidité de l’air les plus extrêmes. Un des climats les plus épouvantables du monde.

Mais, amis, le pire est à venir…

Lorsque nous arrivions à la décharge, les odeurs pestilentielles et une puanteur immonde vous prenaient à la gorge, des nuées de gosses dépenaillés, faméliques , les jambes maigres, les genoux proéminents grimpaient sur le camion en riant avec des régiments de mouches agglutinées sur la peau toujours en sueur, il fallait boire plus de cinq litres d'eau saumâtre par jour pour survivre...Les gamins commençaient à trier les déchets car leurs seuls ressources alimentaires provenaient de nos restes putréfiés.
  
Ils étaient joyeux… Toujours de bonne humeur, rieurs, plaisantins et chaleureux. Si bien que nous oubliions systématiquement le pathétique de la situation et de rigoler et de déconner avec ces enfants. L’un ,Idriss, un gamin de 12-13 ans avec qui j’avais sympathisé à force de le croiser, se mettait à genou dans les excréments, triant avec méticulosité pour trouver quelques reliefs comestibles. Les mouches se collaient toujours par amas sur les commissures de ses lèvres et de ses yeux ainsi que sur quelques estafilades purulentes. Des centaines de gens vivaient ici dans des conditions infernales au cœur de cette décharge dans des circonstances qu'on n'imagine pas dans nos contrée.


Quoique...


Un jour, je ne vis pas Idriss, je lui avais amené quelques boîtes de sardines que j’avais chapardées au mess des officiers. Je ne sus jamais s’il était parti chez lui en Somalie ou s’il était mort, emporté par la tuberculose qui faisait des ravages à cette époque.

Je n’ai pas décrit cette situation pour excuser les exactions des pirates somaliens et omettre la douleur des familles des otages auquel je compatis, mais il est certain que devant la misère qu’on côtoie dans cette région du monde , et si par extraordinaire, vous vous trouviez devant ce choix barbare de crever de faim ou de vous livrer à des violences pour survivre, vous, votre famille et même votre communauté, ou de tenter votre chance dans un pays occidental, quitte à être traité comme un chien ou expulsé, je ne sais quelle voie vous choisiriez.

Moi je le sais.

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Lectrices, lecteurs,, peut être vous parlerais-je un jour des rencontres qu'on peut faire dans ce désert volcanique inhumain, où les pierres et le soleil semblent vibrer de concert, endroit mythique et effrayant proche d'un des berceaux de l'humanité (Lucy, une de nos ancêtres est issue d'une région située à quelques centaine de kilomètres), mais en attendant, je vous place en lien l’UNICEF qui fait un travail formidable sur le terrain et qui mérite notre confiance. Notre générosité me paraît aller de soi dans un monde ou les valeurs du fric, du profit et de la cupidité, véhiculées par des politiques et des médias pitoyables et indignes n’en finissent pas de nous ronger la moelle.

Salut à tous, oubliez moi, pensez à Idriss qui hante mes cauchemars et à tous les êtres humains qui, scandaleusement, crèvent encore de faim à notre époque sous les regards indifférents ou intéressés de spéculateurs, financiers, dirigeants d'entreprises multinationales, sportifs millionnaires, vedettes de cinéma, stars du show bizz ou oligarques sordides, pressés d'acquérir une image gratifiante et estimable à bon compte auprès des foules subjuguées par leur pseudo bonté. Surtout lorsque l'ultime but de leur sinistre et médiocre existence, consiste à rechercher les meilleurs paradis fiscaux pour éviter de partager et de s'y réfugier comme dans une confortable coquille d'égoïsme.

Ah ! Comme l'avidité sans fin de ces individus dans la course au luxe et à la futilité, louée et vantée par des médias et des politiques dévoués et sans scrupules, devant un public demandeur et connement admiratif, nous semble si dérisoire !

Comment, ceux qui possèdent tant, pourraient ils croiser le regard de leurs semblables qui n'ont même plus la force de hurler leur misère, faute d'être nés dans une région dénuée de tout ?

Arf ! Je me sens complètement désarmé dans ce monde arbitraire dont les ressorts m'échappent...

La 2ème photo, particulièrement poignante, est de Kevin Carter et date de 1994.


Amis, à après si le hasard nous prête vie...Profitez de votre existence et de votre santé comme il se doit.

Et battons nous comme des lions pour sauvegarder une vie décente jusqu'à ses ultimes instants !


J'ai rédigé ce texte le 3 juin 2009 . Il a été publié sur le Village des NRV... Ce billet n'a connu aucun succès sur le Net...