Pour les modalités préliminaires, prière de lire le billet précédent.
Lorsque Prouston, le bœuf blanc dominant aperçut dans le pré mitoyen les bœufs roux, son sang ne fit qu'un tour ! Son long meuglement mêlant colère et souffrance remua tous les tripoux du troupeau.
Si Prouston avait été un humain, on aurait pu comparer son influence à un académicien, un moraliste ou un journaliste du sérail. Devant ses ouailles hébétées, il lança un violent réquisitoire contre ces bovins roux qui venaient brouter l'herbe verte de nos belles prairies morvandelles destinée aux Charolais depuis la création de l'univers.
- "Rentrez chez vous ! Ne comptez pas sur nous pour assister les pattes croisées à notre grand remplacement !" Éructa t-il en s'adressant au troupeau adverse un peu effrayé par l'accueil.
- "Mais, monsieur Rouston -sa langue ayant fourché malencontreusement- osa un bœuf malingre, il y a bien assez d'herbe pour tout le monde d'autant qu'elle pousse vite." Un bon coup de corne du vétéran remit vite cet importun malpoli dans le rang.
un fier taureau roux |
Et c'est ainsi que naquit la querelle des bovins qui jour après jour s'envenima au point que la situation devint vite invivable. Les deux troupeaux se scindèrent en de multiples clans et sous groupes d'une manière étrangement symétrique. Les partisans de la pureté charolaise se montraient si vindicatifs et si hargneux qu'il firent naître chez les rouquins, un mouvement semblable opposé à tout métissage et mélange avec tout bovin blanc.
Des groupes de vaches se déclarèrent opprimées par la masculinité des bœufs (ce qui fit rire tout le monde) , revendication qui parut fort cocasse aux taureaux parqués dans leur enclos forcés de pratiquer l'acte sexuel sur des leurres en plastique pour récolter leur semence.
Des rouquines parlèrent du suprémacisme et des privilèges des bovins blancs qui gardaient pour eux les meilleurs carrés d'herbes. Ces mêmes ruminants blancs se plaignant d'un racialisme roux à leur égard. Les vachettes exigeant même une non mixité entre roux et blancs, entre vachettes et bœufs et même entre vachettes rousses et vachettes blanches.
Une logorrhée insupportable envahit certains esprits : on y parla de spécisme, de luttes des races, d'oppression, d'aliénation, d'appropriation culturelle, d'identité charolaise, de particularisme roux, d'intersectionnalité, de luttes civilisationnelles voire de guerre civile !
Pratiquement personne, dans l'anonymat du troupeau ne comprenait le sens de ce jargon mais chacun retenait ce côté clivant et destructeur vis à vis de la communauté voisine.
La situation devenait d'autant plus inextricable que les bipèdes avaient ôté la clôture !
Une logorrhée insupportable envahit certains esprits : on y parla de spécisme, de luttes des races, d'oppression, d'aliénation, d'appropriation culturelle, d'identité charolaise, de particularisme roux, d'intersectionnalité, de luttes civilisationnelles voire de guerre civile !
Pratiquement personne, dans l'anonymat du troupeau ne comprenait le sens de ce jargon mais chacun retenait ce côté clivant et destructeur vis à vis de la communauté voisine.
La situation devenait d'autant plus inextricable que les bipèdes avaient ôté la clôture !
Une majorité de bovidés de toutes couleurs vivait toutefois en paix avec une certaine cohésion, sans animosité mais subissait les séquelles de ces luttes de pouvoir de clans auxquelles les bovins n'étaient pas rompus ; ainsi la chienlit s'installa entre les deux troupeaux.
Une mère allaitante rousse et son nourrisson. |
La fraternité, de mise au début, s'estompa graduellement et la méfiance s'installa progressivement chez tous les membres de la communauté...
Je remarquai toutefois des situations qui m'intriguèrent particulièrement : je ne doutai pas que nous étions le but ultime de l'univers mais l'attitude de ces petits bipèdes malingres et vicieux -les hommes- me sembla suspecte.
N'étions nous pas manipulés à des fins inavouables par ces sortes de monstres simiesques ?
Quels étaient leur but ? Ne se servaient-ils pas de ces situations troubles pour assouvir leurs ambitions ? Les gens qui s'occupaient des Limousines et ceux qui se chargeaient des Charolais semblaient rivaux...
N'étions nous pas devenus, au travers de nos vaines querelles, les instruments de leur lutte de pouvoir ?
Le lendemain de ma révélation, on me conduisit dans un camion avec une vingtaine de mes collègues roux et blancs vers un lieu que les petits hommes appelaient "abattoir". Quand je rentrai dans ce bâtiment où flottait une odeur âcre de sang et où des meuglement déchirants assourdissaient mes oreilles, je compris, trop tard, que notre vanité avait conduit notre espèce à se prendre pour la reine du monde alors que nous n'étions simplement que les jouets des ces bipèdes manipulateurs sans foi ni loi.
Vu le bide retentissant du premier épisode, j'ai dû prendre mon courage à deux mains pour publier cette suite particulièrement niaise...
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Re-MEUHHH, MMMEUHHH, MMMMEUHHHH tricolore : à la fin c'est nous con a gagné !
RépondreSupprimerMerci Rémi pour ta mansuétude et ta présence. Reconnaissance éternelle. 😊
SupprimerJ'entre donc dans le carré en friches du cimetière des blogueurs laborieux déchus.
Ma seule consolation étant que je ne serai pas isolé... 😈
J'aime assez les formules pompeuses. 😂😂😂
Mais c'est pas mal du tout ce billet, peut-être un ton en dessous du premier mais tout à fait publiable !
RépondreSupprimerDonc tu as raison de le publier.
J'attends une suite avec les petits des bovins, tu sais, les orphelins...
Merci pour ton commentaire. 😊
SupprimerLes veaux finiront à l'abattoir et leur viande portera l'étiquette "bio".
Cela dit, j'ai tellement mis de tiroirs et d'allusions dans ce billet que je crains que personne n'ait vraiment compris ce que je tentais de suggérer.
Ce texte est donc un échec.
Tout dépend du degré où du parti-pris sous lequel on le lit.
Avec un (tout petit) peu d'expérience des blogs, je suis toujours surpris de la différence d'interprétation entre ce qu'on veut faire passer et ce que le lecteur perçoit.
Un bon rédacteur doit-il être celui qui est si clair que lecteurs et auteur sont sur la même longueur d'onde ?
À bientôt, Estelle. 🙋😚
Dans la vraie vie, les vaches sont bien mieux que nous, car elles s'en fichent, de vivre entre races différentes.
RépondreSupprimerMais c'est vrai, nous sommes pires qu'elles.
On nous conduit à l'abattoir sans broncher.
Il faut bien des abattoirs pour que celui qui est dans le pré se sente privilégié.
Gros bisou, mon Cui-Cui!
Qu'il est pénible de se sentir parqué, surveillé, accompagné jusqu'à la fin !
SupprimerEt pour quel bénéfice, finalement ?
C'est mal de ruminer... ;-)
Bien vu. Bande de boeufs que nous sommes ...
RépondreSupprimerOn se fait bien chier pour pas grand chose !
SupprimerQuand on est comme moi dans la masse, notre seul bonheur consiste à regarder passer les people en s'extasiant comme les vaches assistent au passage des train ( je plaisante mais pour beaucoup, la vie est un long ennui tranquille)...
Arffff ! je rumine, je rumine...
Ces boeufs ressemblent bigrement à leurs cousins primates.Toujours en bagarre pour le plaisir de prendre le pouvoir. Qui tire les ficelles ? That is the question primordiale
RépondreSupprimerBonne question. C'est en filigrane dans mon texte mais apparemment personne n'a rien vu ! -DDD
SupprimerQui mène les hommes à l'abattoir ?Grave question.
Supprimer(signé bab, pas eu le réflexe de changer de compte)
Question cruciale en effet ! Bien vu, Bab !
SupprimerComme les parasites, l'homme disparaitra non du manque de nourriture mais de la toxicité surabondante de ses déchets.
RépondreSupprimerDe toutes manières nous sommes condamnés à fatalement disparaître, ne serait-ce que parce que le système solaire n'est pas éternel.
SupprimerMais surtout par manque de ressources et catastrophes climatiques inéluctables.
Et puis c'est tout. ;-)
En attendant "l'enfer", on peut arriver à quelque chose de plus optimiste dans l'immédiat:
Supprimerhttp://alireailleurs.tumblr.com/post/143053186123/a-saillans-la-politique-se-fait-en-circuit
Allons,il ne faut pas tomber dans le pessimisme, ce n'est pas le moment. Car ces «humains simiesques » n'ont rien compris au lien, invisible mais éternel,qui unit les êtres vivants , quelle que soit leur espèce. Et surtout, ils ont un énorme handicap: ils se croient supérieurs et tout puissants , et ils prennent même leurs congénéres...pour des bœufs! Oubliant que, s'ils existent, ce n'est que grâce à ces «boeufs» ,... qui ont internet et qui se prennent par la patte , grâce à des gens comme vous.:)
RépondreSupprimerSalut Fifi, ☺
SupprimerJe suis d'accord avec toi mais ce texte est avant tout une tentative de parabole sur les problèmes actuels entre braves gens d'origines diverses et certains fouteurs de merde identitaires qui cherchent à briser un certain consensus.
À bientôt !
😘
Quand un bœuf s'y osa de singer une tête d'œuf
RépondreSupprimerSoudain il s'envola dans la bulle calcaire
Il monta aux nuages à la chaleur solaire
Mais la bulle brisa : sur le toît gît un bœuf.
Waouuuu ! Quel duo ! Quels talents !
SupprimerMerci à toi pour cette découverte.
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Si j'ai compris ce post trop confus pour moi les vaches sont les français qui se déchirent soutenus par les manipulations suite á l'affrontement entre puissances aux intérêts divergents ?
RépondreSupprimerM le Maudit
Je fus con plus que confus.
SupprimerVous avez compris un tiers de ce que j'ai été incapable de décrire. 😂😂😂
J'essaierai de faire mieux la prochaine fois ! 😈😨
Merci d'avoir commenté.
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Cuicui, tu es plus "clair" que La Boétie.:-)
SupprimerMerci Robert. Tu es bien trop charitable ! ;) ;-)
SupprimerJe decouvre ce blogue affiché politique. Le plus bizarre que j'ai jamais lu
RépondreSupprimerMouais. Vous auriez au moins pu signer de vos initiales.
SupprimerBlog politique ? J'en viens moi-même à me poser la question...
Politique sûrement, militant peut-être, politicien pas du tout.
À la revoyure camarade ! -D
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Vive la révolte ! Et, dommage, un des meilleurs porteurs de celle-ci vient de nous quitter. Salut Maurice. A bientôt !
RépondreSupprimerLa révolte, condition siné qua non!
SupprimerSi je comprends bien, il s'agit là d'une querelle entre les bovins et les badernes, soit d'une haute lutte digne de Nicolas Boileau...
RépondreSupprimerAu rade de son choix, il peine à se poser,
Le Cuicui éloquent sortant de la nuée.
Quand au bar encombré il s'en veut approcher,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
c'est beau comme une histoire naturaliste :) ... ou naturelle, je ne sais plus :p
RépondreSupprimerOu naturiste... Tous mes acteurs et actrices sont à poil.
Supprimer😃😃😃
A propos de bœufs qui vont à l'abattoir... j'ai revisité la chanson de Jehan Jonas.....
RépondreSupprimerOui.
Supprimer"Enfants de l'ignorance qui ont fait en tout temps le malheur des races bovines." Babeuf, un beau vain révolutionnaire.
RépondreSupprimerHoula !
SupprimerJe me sens intellectuellement dépassé là. ;)
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Et à la fin de son histoire, Prouston aurait pu chanter le tube de Rutebeuf/Ferré: "Que sont mes amis devenus..." (Complainte)
SupprimerEn attendant, je me complais dans une stérilité douloureuse...
SupprimerÇa m'évite de dire des conneries, remarque ! ;-)