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Je continue mon récit, camarades,
10 heures du matin.
En pleine séance d’atermoiements, un pote gitan vient me chuchoter dans le creux de l'oreille qu'une escouade composée de contrôleurs de l'URSAAF, de douaniers et de gendarmes vient de débarquer : ils sont au moins un trentaine.
Branle-bas de combat partout. Surtout chez les fruits et légumes à cause du personnel : les étalages de 20 mètres ne disposent plus qu'un ou deux employés pour servir.
Je sais que les gardiens de l'ordre font un repérage anonyme avant d'attaquer et connaissent déjà leurs futurs souffre-douleurs.
Brutalement, je me retrouve avec une armée de contrôleurs face à moi.
- Je suis innocent ! plaisanté-je
Ils n'ont pas ri. J'ai du commettre un vol avec mort d'homme vu la façon dont ils me jaugent...
Mes clients ont subrepticement disparu. Des keufs autour de votre stand font le même effet que si on vous aspergeait de 3 litres de lisier de porc : plus personne ne souhaite vous approcher.
Je présente ma carte professionnelle, un Kbis de 6 mois (j'ai oublié d'en commander un de moins de 3 mois), mon assurance à jour.
Ils me demandent une facture de lunettes de soleil car ils estiment qu'une paire ressemble au dernier modèle de chez Chanel. Une paire que je vends à 3 € ! Je préfère en rire...
Évidemment les factures me manquent étant donné que mon matériel date de l'été dernier. J'ai du utiliser mes facture pour la comptabilité.
Le chef douanier parle de saisir tout mon étal, camionnette comprise... Visiblement, ils me prennent pour un con : je continue à le jouer admirablement en y ajoutant la scène de la peur. Le con peureux fait toujours recette chez les flics : ils adorent le personnage !
Horreur ! Dans mes parapluies, il découvrent un parapluie à 3 € façon "Burberrys", la grande marque anglaise. Dans des lots de 60 parapluies, les Chinois en distille parfois un.
Mon cas s’aggrave. Un gendarme semble préparer des menottes toutes clinquantes quand un type arrive en courant et parle à voix basse au responsable de section. Tous déguerpissent en courant dans la seconde. Je ne les reverrai pas.
Bien entendu, pendant 40 minutes, je deviendrai le pestiféré du marché. Plus de clients : les mêmes qui se précipitaient, il y une heure me regardent avec dégoût. Pas grave, ils reviendront.
Un gars qui fait la manche pour la construction d'une mosquée se met carrément devant mon stand en psalmodiant. Je lui demande de me laisser travailler : il me rétorque que je n'ai pas de client devant mon étal. Je le regarde avec des yeux pas trop bienveillants mais avec un sourire d'acier. Il me sourit et va se placer 10 mètres plus loin.
Les barbus sont assez sympathiques en général sauf certains jeunes qui se la jouent Afghans romantiques ou maquisards de banlieue. Trop jeunes, mes fils, c'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces !
Sur les marchés ou dans les quartiers, si vous voulez éviter les emmerdes, il faut vous affubler d'un regard d'acier et d'un sourire aux lèvres, montrez aussi beaucoup de respect mais surtout épargnez-vous les expressions de peur ou de mépris.
J'attends.
Mon voisin qui possède un étal de 25 mètres vient me chercher en me reprochant de m'être trop collé à son stand. Je lui signale que je ne dispose que de 6 mètres. Il commence à s'énerver. Je lui déclare en souriant que je vais faire mon maximum.
C'est encore un tuyau que je vais vous donner les potes, quand un keuf ou un individu mal intentionné vous demande quelque chose, acceptez avec le sourire, puis, ne faites rien : laissez le temps résoudre le problème... Votre impétrant finira bien par se lasser.
Auparavant, je m'énervais tout de suite et les insultes fusaient : tout se terminait mal, comme l'amour en général. Désormais, je sais rendre raide dingue un nerveux qui ne se contrôle pas. C'est le privilège de la sagesse et de l'expérience.
Ma semi arrestation a fait le tour du marché : en certains endroits, il est plutôt prestigieux d'être suspecté par les poulets. Certains en déduisent que ma marchandise a plus de valeur que les misérables 3 € auxquels je l'écoule ! Peut-être suis-je même un cambrioleur de luxe qui se sert du métier de commerçant sur les marchés comme d'une adroite couverture ?
Les voies de la renommée sont impénétrables.
Les clients reviennent... Les ennuis aussi.
À après pour la suite de la saga. Merci de votre passage.
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Un salut confraternel à Partageons nos agapes De tout et de rien, surtout de rien d'ailleurs A toi l'honneur !, la suite... Monsieur Poireau Philippe Méoule Traqueur Stellaire Choblab Le blog de Laurent Grandsimon qui m'ont gentiment lié ces derniers temps.