Pour annoncer un retour sans tambours ni trompettes, je vous livre un texte qui ne pourrait être écrit actuellement tant cette époque est pudibonde, pusillanime et peu propice aux excès scatologiques.
L'extrait final en caractères gras me concerne particulièrement puisqu'il a influencé le choix de mon pseudonyme et exprimé tout le bien que je pense du sérieux révélé par l'auteur de ce blog.
..................................................
"En voulez-vous dadventaige ?
Ouy dea, respondit Grandgousier. Adoncq dist Gargantua :
RONDEAU
En chiant l'aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs ;
L'odeur feut aultre que cuydois :
J'en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc'un eust consenty
M'amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d'urine à mon lourdoys ;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant.
"Or dictes maintenant que je n'y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbesiere de ma memoire.
- Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos.
- Quel ? (dist Gargantua) chier ?
- Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul.
- Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous fays quinault en ce propos ?
- Ouy vrayement, dist Grandgousier.
- Il n'est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul, sinon qu'il y ayt ordure ; ordure n'y peut estre si on n'a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul chier doncques nous fault davant que le cul torcher.
- O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet !
Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science,
par Dieu ! car tu as de raison plus que d'aage. Or poursuiz
ce propos torcheculatif, je t'en prie. Et, par ma barbe !
pour un bussart tu auras soixante pippes, j'entends de ce bon
vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce
bon pays de Verron.
http://unebonnenouvelleparjour.eklablog.com/complainte-d-un-oisillon-a47028481 |
- Je me torchay après (dist Gargantua) d'un couvre chief,
d'un aureiller, d'ugne pantophle, d'ugne gibbessiere, d'un
panier - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis
d'un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras,
les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres
taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est
celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de
la matiere fecale.
"Puis me torchay d'une poulle, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lievre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'advocat, d'une barbute, d'une coyphe, d'un leurre.
"Mais, concluent, je dys et mantiens qu'il n'y a tel torchecul
que d'un oyzon bien duveté, pourveu qu'on luy tienne
la teste entre les jambes. Et m'en croyez sus mon honneur.
Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque, tant par la doulceur d'icelluy duvet que par la
chaleur temperée de l'oizon laquelle facilement est
communicquée au boyau culier et aultres intestines,
jusques à venir à la region du cueur et du cerveau.
Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui
sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie,
ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon
mon opinion) en ce qu'ilz se torchent le cul d'un oyzon, et
telle est l'opinion de Maistre Jehan d'Escosse. "
Rabelais, Gargantua,
1534. Extraits des chapitres 14 et 15
Merci à aux auteurs de ce site qui ont retranscrit scrupuleusement la truculence, la verve et la richesse de la langue de Rabelais.
Autres temps, autres mœurs...
Lors du prochain billet, je vous donnerai quelques recettes de cuisine, économiques et adaptées aux rigueurs budgétaires imposées par un gouvernement se prétendant de gauche...
Je suis heureux de vous retrouver et vous embrasse.
.
Vous pensiez réellement qu'on avait besoin de vous pour découvrir Rabelais ? Vous vous prenez pour qui ?
RépondreSupprimerPourquoi pas ? Pensez a Sarko !
SupprimerContrairement à vous, je ne suis pas en mal de reconnaissance.
RépondreSupprimerJe me fais plaisir sans rechercher quelconque notoriété.
Qu'importe si tout le monde a lu Rabelais comme vous semblez le suggérer.
Les donneurs de leçons me saoûlent...
Rabelais c'est pas mon truc,de la même époque je préfère Villon. :.) en tous cas Content de ce retour en Blog.
RépondreSupprimerDommage parce la langue est riche et particulièrement imagée.
SupprimerJ'adore aussi Villon... ;-)
Revenir au blog demande une discipline et une patience qui me manquent cruellement...
Rabelais contemporain de Villon, mais bien sûr ! Et n'oublions pas Saint-Augustin, Dante et Aristophane, parmi les camarade de jeux des deux François.
SupprimerQui a dit que Villon et Rabelais était contemporains ?
SupprimerEt puis ce besoin incoercible de ramener votre fraise pour montrer l'étendue de sa culture me navre : il me semble que vous valez mieux que ça...
Faire des concours de bites à plus de 55 ans prouve une certaine immaturité...
Gardez cette forfanterie pour les brebis qui semblent, on ne sait trop pourquoi, vous admirer autant.
Poil au dent.
Petit Louis, un peu plus haut : « de la même époque je préfère Villon. »
SupprimerMonsieur Goux de 1463 a 1483 il n'y a moins d'années que nous n'en avons non ? Je me demande quelle est la mesure des époques chez vous ? Vous voulez trop vous la péter, résultat vous barrez un peu en sucette sur un domaine qui vous est cher. Bref comme on dit pays c'est limite tehon car je n'ai jamais parler de contemporain :.)
SupprimerMonsieur Goux de 1463 a 1483 il n'y a moins d'années que nous n'en avons non ? Je me demande quelle est la mesure des époques chez vous ? Vous voulez trop vous la péter, résultat vous barrez un peu en sucette sur un domaine qui vous est cher. Bref comme on dit pays c'est limite tehon car je n'ai jamais parler de contemporain :.)
Supprimer"Contemporains" et "de la même époque" me paraissent pourtant bien synonymes ! D'autre part, il ne vous aura pas échappé qu'entre les années 1450 – 1460, où Villon écrit son œuvre, et les années 1530 – 1550 où Rabelais produit la sienne, il s'est passé cette petite chose que l'on a coutume d'appeler la Renaissance ; laquelle fait que Villon et Rabelais sont tout sauf "de la même époque". Et je trouve curieux que ni vous ni le maitre de ces lieux ne sembliez capable d'avoir une petite discussion comme celle-ci sans vous lancer aussitôt dans de petites piques ad hominem.
SupprimerMais bon…
Ah j'attendais avec impatience la référence. au haut moyen âge et à la renaissance. Époques éminemment différentes pour la sémantique. Tout le monde a eu un de ces profs de français passionné par le sujet. Mais convenez, ad hominem ou plutôt ab initio que votre pique ramenant une station de métro bâtie vers 430 ou un pékin ayant rejoint l'enfer en 1341cherchait les crosses.
SupprimerVoilà voilà.
Sans rancune vieux machin.
Ah j'attendais avec impatience la référence. au haut moyen âge et à la renaissance. Époques éminemment différentes pour la sémantique. Tout le monde a eu un de ces profs de français passionné par le sujet. Mais convenez, ad hominem ou plutôt ab initio que votre pique ramenant une station de métro bâtie vers 430 ou un pékin ayant rejoint l'enfer en 1341cherchait les crosses.
SupprimerVoilà voilà.
Sans rancune vieux machin.
Villon, ce serait plutôt le bas Moyen Âge que le haut, mais enfin…
SupprimerPour la suite de votre commentaire, elle est tout à fait incompréhensible ; pour moi en tout cas.
Bon.
SupprimerBrisons là. Net.
Parce que, Goux, votre "vous vous prenez pour qui ?" initial n'est point une attaque ad hominem, peut-être ?
.
@Petit Louis
Merci d'être passé par ce blog. Ce qui m'amuse le plus est que je pense que 90% de la population n'a probablement aucune idée de la Renaissance, du haut et du bas Moyen-âge, des effets des grandes pestes.
Et puis à part les historiens contemporains, quel lettré de l'époque a pu prétendre appréhender le passage entre le Moyen-âge et la Renaissance ?
Pas sûr que le peuple des paysans ou des citadins ait senti la différence !
.
Or donc, Sieur Gargantua ainsi se torcha !
RépondreSupprimerOr donc, Sieur Cui cui fit l'oiseau ainsi le loua !
Or donc, enfin te revoilà...
Oui, Rémi, je vais tenter de me faire violence pour revenir...
SupprimerContent de te revoir. ;-)
Les oisillons pullulent autour de ma maison en ce joli printemps (j'habite à l'orée d'une forêt). Leurs chants me réveillent gaiement, enfin jusqu'au moment où je découvre le tacheté fienteux de l'enveloppe extérieure de mon carrosse mécanique. Et là, j'ai bien envie d'user de la méthode gargantuesque.
RépondreSupprimerVeinard !
SupprimerLe printemps, c'est la renaissance pour les oiseaux. ;-)
ça nous fait bien plaisir de te réentendre gazouiller, même en ancien françois....pas le hollande, hein !
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerEt pour moi, le plaisir de te retrouver... ;-)
Joli tour de chauffe, le corse. Content de voir que tu reprends du service !
RépondreSupprimerTour de chauffe : oui.
SupprimerJ'ai voulu commencer par un texte qui n'a rien à voir avec la politique...
Les divisions idéologiques actuelles de la gauche ne m'intérressent pas des masses mais elles confortent largement une droite hyper réactionaire qui voit s'ouvrir un véritable boulevard devant elle
Très heureux de te retrouver Rodolphe. ;-)
Contente de vous revoir et aussitot des polémiques.
RépondreSupprimerLe vrai net comme autrefois.
Carole
Tout le plaisir est pour moi, Carole !
Supprimer;-)
.
Qu'est ce qu'ils faisaient comme fautes d'orthographe à la Renaissance.
RépondreSupprimerScandaleux. Le niveau du bac était désastreux !
Trés judicieuse observation !
RépondreSupprimerEt on ose condamner l'enseignement de notre époque ou la valeur de nos écoliers...
.
Renaissance...sur un sacré paquet de cadavres!
RépondreSupprimerAllons bon, des cadavres maintenant…
SupprimerJ'imagine la joie et l'allégresse du paysan normand quand il a appris qu'il passait du Moyen-âge tardif à la Renaissance.
RépondreSupprimerLes bouchons de cidre ont dû sauter !
.
Et ce n'est encore rien, par rapport au bonheur qui a saisi le chaudronnier cisalpin du Ve siècle lorsqu'il a appris un matin qu'il sortait enfin de l'Antiquité gréco-romaine !
SupprimerVoilà qui est fait !
RépondreSupprimerSi tu n'etais pas là je me demande sur quel blog pourraient argumenter tes contradicteurs et etaler leur science.
Tu leur a manqué probablement... et a nous c'est sûr.
Bon retour.