Ce texte est le pastiche d'un célèbre extrait du malade imaginaire de Molière. Il met en présence Argan, le bourgeois hypocondriaque et Toinette, sa servante déguisée en médecin de l"époque, charlatan d'entre les charlatans. J'ai simplement remplacé le mot "poumon" par celui, plus contemporain, de "islam"...
Les médecins de l'époque de Louis XIV et les penseurs ou autres journalistes de notre temps, possédant en commun, outre un culot certain et un sectarisme effrayant, une propension indiscutable à débiter certaines stupidités et contre-vérités avec un aplomb déconcertant.
Les médecins de l'époque de Louis XIV et les penseurs ou autres journalistes de notre temps, possédant en commun, outre un culot certain et un sectarisme effrayant, une propension indiscutable à débiter certaines stupidités et contre-vérités avec un aplomb déconcertant.
Le fleuron du populisme anti-musulman et de l'extrême droite new look est réunie là en costume d'apothicaire. Avec dans les rôles principaux :
Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, BHL, André Glucksmann, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Ivan Rioufol, Pierre Lellouche, Caroline Fourest.ALAIN FINKIELKRAUT : Je suis philosophe, qui vais de radio en radio, de télévision en télévision, d'interview en interview, pour chercher d'illustres matières à ma capacité, pour trouver des émules dignes de m'occuper, capables d'exercer les grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans ma philosophie. Je dédaigne de m'amuser à ce menu fatras de pensées gauchistes ordinaires, à ces bagatelles de droits de l'homme, à ces fiévrottes de SDF, à ces vapeurs de sans-papiers, et ces pauvres trop assistés. Je veux des problèmes d'importance : du bon gros racisme avec des expulsions immédiates, de bonnes révolutions islamistes, de bonnes émeutes au Moyen Orient, de bons massacres sanguinolents, de bons soulèvements violents dans les banlieues, de bons attentats d'Al Qaeda avec beaucoup de victimes : c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe; et je voudrais, Monsieur, que vous succombiez à tous les maux que je viens de dire, que vous fussiez abandonné de tous les politiques, désespéré, à l'agonie, pour vous montrer l'excellence de mes remèdes, et l'envie que j'aurais de vous rendre service.
UN FRANÇAIS : Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.
ÉLISABETH LÉVY : Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent: je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre référent ?
UN FRANÇAIS : La République...
ALAIN FINKIELKRAUT : Ce principe-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands philosophes. De quoi dit-elle que vous êtes atteint?
UN FRANÇAIS : Elle dit que c'est la crise, et d'autres disent que ce sont les déficits.
NICOLAS SARKOZY : Ce sont tous des ignorants: c'est de l'islam que vous êtes malade.
UN FRANÇAIS : De l'islam?
ÉRIC ZEMMOUR : Oui. Que sentez-vous?
UN FRANÇAIS : Je sens une nette baisse de mon pouvoir d'achat.
BHL : Justement, l'islam.
UN FRANÇAIS : Il me semble qu'il y a de plus en plus de chômage.
IVAN RIOUFOL : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je trouve que mes libertés rétrécissent..
BRICE HORTEFEUX : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je sens un terrible manque de solidarité entre les citoyens.
ANDRÉ GLUCKSMANN : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez pour moi.
ÉLISABETH LÉVY : Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que l'on batte comme il faut. Ahy, je vous ferai bien aller comme vous devez. Hoy, ce pouls-là fait l'impertinent: je vois bien que vous ne me connaissez pas encore. Qui est votre référent ?
UN FRANÇAIS : La République...
ALAIN FINKIELKRAUT : Ce principe-là n'est point écrit sur mes tablettes entre les grands philosophes. De quoi dit-elle que vous êtes atteint?
UN FRANÇAIS : Elle dit que c'est la crise, et d'autres disent que ce sont les déficits.
NICOLAS SARKOZY : Ce sont tous des ignorants: c'est de l'islam que vous êtes malade.
UN FRANÇAIS : De l'islam?
ÉRIC ZEMMOUR : Oui. Que sentez-vous?
UN FRANÇAIS : Je sens une nette baisse de mon pouvoir d'achat.
BHL : Justement, l'islam.
UN FRANÇAIS : Il me semble qu'il y a de plus en plus de chômage.
IVAN RIOUFOL : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je trouve que mes libertés rétrécissent..
BRICE HORTEFEUX : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je sens un terrible manque de solidarité entre les citoyens.
ANDRÉ GLUCKSMANN : L'islam.
UN FRANÇAIS : Je trouve que les banques sont scandaleusement favorisées.
NICOLAS SARKOZY : L'islam.
UN FRANÇAIS : le système ultra libéral me parait terriblement injuste.
NICOLAS SARKOZY : L'islam
UN FRANÇAIS : J'ai peur de l'avenir.
MARINE LE PEN : L'islam
UN FRANÇAIS : Et j'ai l'impression que nous sommes gouvernés par des gens qui profitent outrageusement de privilèges.
ÉLISABETH LÉVY : L'islam. Vous allez voter ?
UN FRANÇAIS : Oui, Madame.
CAROLINE FOUREST : L'islam. Vous aimez faire la fête ?
UN FRANÇAIS : Oui, Madame.
ÉRIC ZEMMOUR : L'islam. Vous avez peur de ne pas toucher une pension de retraite suffisante ?
UN FRANÇAIS : Oui, Monsieur.
ALAIN FINKIELKRAUT : L'islam, l'islam, vous dis-je. Que vous ordonne la République comme principes ?
UN FRANÇAIS : Elle m'ordonne la tolérance.
BRICE HORTEFEUX : Ignorante.
UN FRANÇAIS : L'ouverture sur le monde.
IVAN RIOUFOL : Ignorante.
UN FRANÇAIS : La générosité.
PIERRE LELLOUCHE : Ignorante.
UN FRANÇAIS : L'indignation.
BHL : Ignorante.
UN FRANÇAIS : L'impertinence.
IVAN RIOUFOL : Ignorante.
UN FRANÇAIS : Et de temps à autre des manifestations pour rappeler leur devoir aux dirigeants et défendre nos droits.
ÉLISABETH LÉVY : Ignorante.
UN FRANÇAIS : Et surtout davantage de liberté.
NICOLAS SARKOZY et MARINE LE PEN en chœur : Ignorantus, ignoranta, ignorantum. Il faut combattre les musulmans : ils sont la cause de toutes nos calamités ! Pour guérir de ce mal sournois, lisez Le Figaro avec ses multiples talents, Ivan Rioufol et Zemmour et la digne équipe d'Étienne Mougeotte, écoutez RTL, regardez sur France 2 et France 5, Yves Calvi, Éric Zemmour, Pujadas, consultez les sites Causeur et Fdesouche. De toute manière nous sommes partout ! Même à gauche.
Amis lecteurs, à après !
Puis, lorsque vous vous serez fait votre opinion, en 2012, glissez voluptueusement votre bulletin de vote dans l'urne et nous nous occuperons du reste...
........
pcc Molière [Le malade imaginaire acte 3 scène 10 - 1673]
Amis lecteurs, à après !
.
excellent cui cui
RépondreSupprimeret le drame c'est que les émancipations dans le monde arabe est une cata pour tous les islamophobes qui perdent leur épouvantail préféré
Superbe !
RépondreSupprimerMerci les amis... ;-)
RépondreSupprimerVraiment heureux que ce billet ait eu du succès !
Pas beaucoup de temps en ce moment.
Des problèmes.
J'ai respecté autant que j'ai pu le style et le rythme de la scène. Les 3/4 du vocabulaire n'ont même pas changé.
Il fallait un sacré talent à Molière pour fabriquer des ressorts comiques aussi convaincants.
Rendons à Molière ce qui appartient à Molière.
Cui cui,
RépondreSupprimerJe suis ton envol, seul petit bémoln mais peut-être me-trompe-je, Caroline Fourest, tu la fous dans le même sac ?
Salut mike,
RépondreSupprimerJ'ai hésité avant de mettre Caroline Fourest mais son obsession maladive sur l'Islam a fini par m'agacer.
Pas une discussion avec elle sans qu'elle ne revienne sur ce sujet. À un tel point que je me suis demandé si elle se rendait compte combien elle jouait le jeu des autres acteurs !
Bien sûr qu'elle n'est pas à foutre dans le même sac que les autres mais sur ce sujet, elle leur ressemble beaucoup. Beaucoup trop.
Salut Cui cui ,
RépondreSupprimerDe retour sur le net , du retard de lectures , alors je découvre les billets d'humeur ....
@bientôt
Bien à toi