Rediffusion programmée car je n'ai pas accès à internet. Pardonnez mon silence et mon absence de réaction.
Il y a peu, je suis tombé sur un reportage concernant les pirates somaliens pourchassés par toutes les marines du monde. Ces flibustiers attaquent des navires civils, tankers, porte-containers ; et même des plaisanciers pour prendre en otage les équipages et demander une rançon.
|  | 
| Arrestation de pirates somaliens. | 
Et je me suis souvenu...
Il y a longtemps. Assez pour prendre du recul, pas suffisamment pour oublier.
En garnison à Djibouti comme 2ème classe,  à 25 kms de la Somalie au camp Letellier, sans cesse en prison  militaire pour indiscipline caractérisée, ma tâche consistait à vider  les poubelles du régiment et à convoyer un camion benne jusqu’à la  décharge située à l’extérieur de la ville. Nous pataugions jusqu’aux  chevilles dans des résidus poisseux et décomposés dont vous imaginez  l’odeur sous les températures et l’humidité de l’air les plus extrêmes.  Un des climats les plus épouvantables du monde.
Mais, amis, le pire est à venir…
Lorsque  nous arrivions à la décharge, les odeurs pestilentielles et une  puanteur immonde vous prenaient à la gorge, des nuées de gosses  dépenaillés, faméliques , les jambes maigres, les genoux proéminents  grimpaient sur le camion en riant avec des régiments de mouches  agglutinées sur la peau toujours en sueur, il fallait boire plus de cinq  litres d'eau saumâtre par jour pour survivre...Les gamins commençaient à  trier les déchets car leurs seuls ressources alimentaires provenaient  de nos restes putréfiés.
Ils  étaient joyeux… Toujours de bonne humeur, rieurs, plaisantins et  chaleureux. Si bien que nous oubliions systématiquement le pathétique de  la situation et de rigoler et de déconner avec ces enfants. L’un  ,Idriss, un gamin de 12-13 ans avec qui j’avais sympathisé à force de le  croiser, se mettait à genou dans les excréments, triant avec  méticulosité pour trouver quelques reliefs comestibles. Les mouches se  collaient toujours par amas sur les commissures de ses lèvres et de ses  yeux ainsi que sur quelques estafilades purulentes. Des centaines de  gens vivaient ici dans des conditions infernales au cœur de cette  décharge dans des circonstances qu'on n'imagine pas dans nos contrée.
 Quoique...
Un  jour, je ne vis pas Idriss, je lui avais amené quelques  boîtes de  sardines que j’avais chapardées au mess des officiers. Je ne sus jamais  s’il était parti chez lui en Somalie ou s’il était mort, emporté par la  tuberculose qui faisait des ravages à cette époque.
Je  n’ai pas décrit cette situation pour excuser les exactions des pirates  somaliens et omettre la douleur des familles des otages auquel je  compatis, mais il est certain que devant la misère qu’on côtoie dans  cette région du monde , et si par extraordinaire, vous vous trouviez  devant ce choix barbare de crever de faim ou de vous livrer à des  violences pour survivre, vous, votre famille et même votre communauté,  ou de tenter votre chance dans un pays occidental, quitte à être traité  comme un chien ou expulsé, je ne sais quelle voie vous choisiriez.
Moi je le sais.
Lectrices,  lecteurs,, peut être vous parlerais-je un jour des rencontres qu'on  peut faire dans ce désert volcanique inhumain, où les pierres et le  soleil semblent vibrer de concert, endroit mythique et effrayant proche  d'un des berceaux de l'humanité (Lucy, une de nos ancêtres est issue  d'une région située à quelques centaine de kilomètres), mais en  attendant,  je vous place en lien l’UNICEF  qui fait un travail formidable sur le terrain et qui mérite notre  confiance. Notre générosité me paraît aller de soi dans un monde ou les  valeurs du fric, du profit et de la cupidité, véhiculées par des  politiques et des médias pitoyables et indignes  n’en finissent pas de  nous ronger la moelle.
Salut à tous, oubliez moi, pensez à Idriss qui hante mes cauchemars et à tous les êtres humains qui, scandaleusement, crèvent encore de faim  à notre époque sous les regards indifférents ou intéressés  de   spéculateurs, financiers, dirigeants d'entreprises multinationales,  sportifs millionnaires, vedettes de cinéma, stars du show bizz ou  oligarques sordides, pressés d'acquérir une image gratifiante et  estimable à bon compte auprès des foules subjuguées par leur pseudo  bonté. Surtout lorsque l'ultime but de leur sinistre et médiocre  existence, consiste à rechercher les meilleurs paradis fiscaux pour  éviter de partager et de s'y réfugier comme dans une  confortable  coquille d'égoïsme.
Ah  ! Comme l'avidité sans fin de ces individus dans la course au luxe et à  la futilité, louée et vantée par des médias et des politiques dévoués  et sans scrupules, devant un public demandeur et connement admiratif,  nous semble si dérisoire !
Comment,  ceux qui possèdent tant, pourraient ils croiser le regard de leurs  semblables qui n'ont même plus la force de hurler leur misère, faute  d'être nés dans une région dénuée de tout ?
La 2ème photo, particulièrement poignante, est de Kevin Carter et date de 1994.
Amis, à après si le hasard nous prête vie...Profitez de votre existence et de votre santé comme il se doit. 
Et battons nous comme des lions pour sauvegarder une vie décente jusqu'à ses ultimes instants !
 
 








 
 
